Vous trouverez ci-dessous trois exemples de thématiques abordées dans le cours et les travaux dirigés du module d’histoire et de théorie des arts, déclinées sous la forme de sujets transversaux qui ont donné lieu à des productions plastiques et rédactionnelles des étudiants de l’École d’art d’Arras.
École d’art d’Arras, F. Legendre, A. Sergent, G. Lepetit-Castel, D.Ockenden. Le 03.10.2006.
2e année, 1er semestre Sujet transversal ateliers de photographie, d’informatique appliquée, de langue vivante étrangère (anglais) et cours d’histoire et de théorie des arts.
Le thème : l’identité.
Scholie : votre identité, ou plus exactement votre identité au monde. Identique ou différent.
L’objet : sous la forme d’un abécédaire.
Les principes de travail
Vous constituerez un abécédaire sur la base de votre prénom et de votre nom en 12 lettres maximum (9 ou 10 minimum), une lettre ne pouvant être utilisée qu’une seule fois.
Par exemple, le prénom et le nom d’ÉLISABETH MARTIN se composent des occurrences suivantes : E (ou É), L, I ,S, A, B, T, H, M, R, N, soient 11 lettres.
Si le nombre des occurrences de vos prénom et nom est insuffisant, vous avez la possibilité d’ajouter les lettres de votre deuxième, voire de votre troisième prénom.
Chaque lettre sera associée à une photographie que vous réaliserez. Cette lettre fera fonction d’initiale qui déterminera le sujet photographié, par exemple un objet : Échelle pour E ou É, ou encore une idée : Élevé, Élémentaire, Électrique, toute idée ou toute association d’idées (métonymie, métaphore) qui pourraient raconter l’identité ou la relation au monde de la personne concernée.
Attention, les photographies présentées devront obligatoirement intégrer un lieu, un objet, un aliment, le corps dans une acceptation assez large : le vôtre ou celui de l’autre, une partie ou l’image d’un corps, qu’il s’agisse d’une sculpture, d’un tableau, d’une photographie, d’une ombre, etc. Le reste ad libitum.
Chaque photographie sera contextualisée par un texte court de 15 à 20 lignes, une page au maximum. Contextualiser revient à construire un récit autour d’un objet choisi ; vous raconterez donc une petite histoire, soit sur le contenu de la photographie, soit sur les circonstances de la prise de vue. Et ce que vous raconterez s’adressera à quelqu’un ; il vous appartient, vous le destinateur, de trouver un destinataire, un interlocuteur réel ou fictif, ou encore de tout vous raconter à vous-même. Ce n’est donc pas à proprement parler une analyse qu’il faut produire, même si le récit peut contenir des clefs d’interprétation de l’image, mais un contrepoint narratif, une mise en situation par un travail sur l’écriture qui autorise le décalage, la mise en abyme ou tout autre jeu sur l’articulation sens/référent.
Ces textes seront rédigés dans une version bilingue français/anglais et l’abécédaire dans son ensemble sera présenté sous la forme d’un livret, qui fera l’objet d’un travail sur la mise en page, les choix typographiques, la production d’une couverture avec une composition spécifique autours de vos prénom (s) et nom.
Référents
Gildas Lepetit-Castel conduit la réalisation photographique du projet, Arnaud Sergent en conduit la mise en œuvre infographique. Tous deux déterminent les requis techniques du travail à produire. François Legendre est chargé du suivi des textes, Dominic Ockenden de l’encadrement de la traduction/adaptation en anglais.
Rendu Le livret doit être finalisé dans sa version bilingue et remis à Gildas Lepetit-Castel le mardi16 janvier 2007.
un exemple de réalisation : 2 pages de l'abécédaire de
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, “Eau” et “Silence” cliquez sur l'image pour lire le texte
L’intitulé La nuit tombe, une rémanence de l’Éclipse. Après Antonioni.
Scholie un travail sur le montage, ou comment installer un récit à travers une succession d’images et de fragments de textes non narratifs (ou dysnarratifs).
L’objet quatre photographies de format 10 x15 encadrées dans une marie-louise horizontale de 30 x 80. Sous la marie-louise, à la verticale de chaque image un cartel portant le texte d’un maximum de cinq lignes, soient quatre cartels et quatre textes en tout. Typographie imposée.
Les principes de travail
Vous réaliserez une pellicule noir et blanc de trente-six vues, de laquelle vous sélectionnerez avec votre professeur quatre clichés qui devront être tirés en support argentique. Ces photographies devront répondre à deux contraintes de composition interne et de mise en récit, tout en évitant une succession par trop narrative des images. Il est en effet préférable d’enclencher un récit par une mise en liaison, en tension des signes et des composantes plastiques (lumière, lignes, plans, formes, cadrage) par résonances ou par oppositions, contrastes, ruptures d’une image à l’autre. En d’autres termes, il ne s’agit pas tant de vouloir raconter une histoire, que de la laisser surgir dans toute son incertitude, sa dimension aléatoire, fugace, fragile, son caractère irréductible. N’oubliez pas que l’on parle d’éclipse (quelque chose ou quelqu’un qui disparaît) et d’Antonioni (des images qui résistent au message, au vouloir faire sens).
Le texte devra être abordé dans le même esprit. Vous écrirez une dizaine de textes courts (d’une à cinq lignes maximum). Là encore, n’essayez pas de raconter une histoire, de composer de belles phrases. Au contraire, cherchez la sobriété, la neutralisation stylistique. Il serait préférable que ces fragments n’aient aucun rapport pré-établi entre eux et qu’ils ne parlent pas nécessairement des images (en tout cas, ils doivent s’abstenir de les décrire) ; vous pouvez ainsi écrire ce qui vous passe par la tête, expérimenter un travail d’écriture automatique, écrire une bribe un jour, un autre bout le lendemain, vous pouvez dire une chose et son contraire ; et n’oubliez pas que les cadavres exquis vous réservent parfois de bonnes surprises, entre les jeux du hasard et les pérégrinations de l’inconscient.
Ensuite, vous sélectionnerez avec votre professeur quatre de ces textes, ceux qui seront les plus intéressants du point de vue des résonances avec les images, jouant avec d’éventuels décalages, envisageant les interstices, les non-dits comme dans les dialogues erratiques d’Antonioni.
Enfin le façonnage, la mise en forme devront être soignés, clairs, maîtrisés de manière à laisser apparaître le ciné-récit dans toutes ses dimensions plastiques et signifiantes.
Les échéances
rendu des négatifs le 24 octobre à Gildas Lepetit-Castel, puis choix commun des quatre clichés rendu des écrits le 05 novembre à François Legendre, puis choix commun des quatre textes rendu tirages le 10 décembre à GLC rendu façonnage le 18 décembre à Arnaud Sergent.
un exemple de réalisation : les 4 images et les 4 textes du sujet Antonioni de
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L'eau lumineuse erre à travers l'expression des corps électriques, de ces petites sphères des jours flous qui crépitent dans la nuit.
La lune voluptueuse glisse hors de la main où l'impatience glaciale s'enfuit à travers le silence.
L'ennui festif chante dans la mélancolie des darses où le noir des entrepôts laisse disparaître des saltimbanques obnubilés. Une dernière fois.
Une tentative sombre file de l'autre côté de la rue et au bout le rythme s'échoue sur une nostalgie intense.
Le Festin de Babette
École d’art d’Arras. Arnaud Sergent, François Legendre, Gildas Lepetit-Castel. 30.09.2008 2e année, semestres 1 et 2 sujet transversal informatique appliquée, histoire et théorie de l’art, photographie
L’intitulé Le Festin de Babette
Mise en bouche Le Festin de Babette (Babettes gaestebud), film danois de Gabriel Axel, 1987
Scholie un travail en deux temps sur les résonances du goût à travers la production d’images, de textes et d’autres choses qui ne s’énoncent pas tout de suite. Entre le pulsionnel, le sacré et la chimie des cuissons, les choses ont un goût que l’imagination fait renaître dans notre petite cuisine interne.
Le Festin de Babette, premier temps : questions de sens Un premier texte pour garder l’eau à la bouche
Après le visionnage et le commentaire du film, vous écrirez un texte narratif ou dysnarratif de sept à dix lignes sur le goût que vous imaginez d’un des plats du festin de Babette, boissons comprises, en notant l’appellation du met choisi en titre. Il s’agit déjà d’un travail d’écriture ; aussi vous vous efforcerez de dépasser la simple description.
Un interdit : celui de manger ou de boire l’aliment choisi durant cette phase de rédaction ! Votre seul support doit rester l’imagination.
Les échéances travail à commencer le 30 septembre, le jour de la projection du film présentation des textes à François le 6 octobre et suivi individualisé les 6, 13 et 20 octobre tous les textes doivent être finalisés le 20 octobre.
Des images synesthésiques : une série de quatre compositions graphiques Vous essaierez de transposer en une série de quatre images la sensation décrite/verbalisée dans le texte. Les techniques sont libres : gravure, dessin, médiums liquides, à l’exclusion de la photographie.
Mais les images produites devront nécessairement être composées et finalisée avec l'outil informatique. Vous pouvez vous appuyer sur la texture d’un des ingrédients du plat choisi, texture cuisinée comme la croûte des cailles en sarcophage par exemple, ou texture brute du plumage des cailles mortes avant préparation. Mais à la texture, il faudra joindre une structure - une composition plastique - et même une facture : une gestuelle, une écriture qui vous sont propres. C’est la raison pour laquelle, au-delà de la lecture phénoménale d’un objet, il vous faudra vous éloigner de la représentation au profit d’un langage graphique susceptible de prendre en charge la sensation que vous avez déjà verbalisée, de la traduire, de la réécrire au moyen de lignes, de formes, de masses, de matières, de couleurs et de lumière. Pensez aussi à organiser la succession des images dans votre série, c’est-à-dire à construire un récit qui se structure dans une temporalité lisible.
Les échéances début du travail sur les images en même temps que le texte, le 30 septembre production en cours d’informatique sous la direction d’Arnaud les 7, 14 et 21 octobre toutes les images doivent être finalisées le 21 octobre.
Retour au texte : un essai d’écriture automatique À partir des images produites, mais sans en parler nécessairement ou explicitement, en tout cas en vous abstenant de les décrire, vous expérimenterez un travail d’écriture automatique en quatre textes courts de deux à cinq lignes chacun, soit un texte par image. N’essayez pas de raconter une histoire ou de composer de belles phrases. Cherchez au contraire la neutralisation stylistique, recentrez-vous sur la force du mot plutôt que sur la qualité ornementale de son adjectif. Exploitez les suggestions de la langue autant que la résonance de la sensation verbalisée ou informée.
Laissez parler autant que possible l’inconscient en vous. Les quatre textes peuvent n’avoir aucun rapport entre eux ; vous pouvez ainsi écrire ce qui vous passe par la tête, surtout la nuit ou au sortir d’un rêve, jeter une bribe un jour, une autre le lendemain ; vous pouvez dire une chose et son contraire, tirer au sort dans un sac des mots préalablement découpés, tenter le hasard objectif du dictionnaire. Si l’inconscient fait bien son travail, alors la connexion entre l’image et le texte devrait surgir d’elle-même. Il suffira peut-être d’y ajouter un peu de liant, et encore…
Une règle du jeu vous devez intégrer dans vos textes une couleur, une saveur et un son.
Les échéances présentation des textes à François le 17 novembre et suivi individualisé les 17 et 24 novembre et le 1er décembre. finalisation le 1er décembre et rattrapage des éventuels retards textes et images du 2 au 14 décembre Le Festin de Babette, deuxième temps : le Livre de recettes de Babette
La recette de cuisine, quelques accommodements avec le récit pulsionnel De votre essai d’écriture automatique vous dégagerez/transposerez une recette de cuisine rédigée, comprenant les ingrédients et leur quantité, les manipulations, les temps de cuisson.
Par exemple, si votre texte de départ contient les mots neige ou nuage ou évoque ces éléments, vous pouvez les transposer en blanc d’œufs battus en neige, en meringue, en crème ou en sauce ou encore en riz blanc. L’analogie peut être littérale (blancs d’œufs battus en neige) ou associative, plus proche alors de la métonymie ou de la synecdoque (l’œuf pris pour la poule, le printemps pour la salade, la cerise pour le gâteau etc.). D’une manière générale, les figures de rhétorique (métonymies, synecdoques, métaphores, hyperboles notamment) peuvent vous aider.
Alchimie langagière et autres considérations gustatives la recette doit être comestible et mieux, savoureuse ! vous avez bien sûr la possibilité de vous appuyer sur des recettes existantes. c’est ainsi que votre recette devra être faisable, lisible, mais en même temps elle devra être écrite, jouer sur/avec les mots, les doubles sens, le langage imagé de la gastronomie.
Un conseil concevez une recette simple et peu coûteuse. Essayez-la et goûtez-la ! compte tenu des contraintes financières et matérielles qui pourraient rendre plus difficile la réalisation de votre recette, vous avez la possibilité de mutualiser vos moyens et ainsi de vous regrouper pour la préparation de vos plats.
Les échéances début de la rédaction des recettes le 15 décembre essais à domicile durant les vacances de Noël, entre la dinde (invariablement bourrative) aux marrons et la bûche crème au beurre Grand Marnier présentation des recettes rédigées à François le 5 janvier 2009 et suivi individualisé les 5, 12 et 19 janvier finalisation le 19 janvier
Une prise de vue à donner faim ! Vous réaliserez la recette et vous l’apporterez précautionneusement à l’école.
Puis vous composerez une belle nature morte dans laquelle vous mettrez en scène votre recette réalisée avec ses ingrédients, sa vaisselle, ses accessoires et des supports : table et nappe.
Une fois votre composition installée, vous en ferez une prise de vue en photographie numérique couleurs en travaillant l’angle, le cadrage, la profondeur, la netteté et la lumière(en sachant que le format final de la prise de vue et de 19 cm x 19 cm).
Souvenez-vous qu’au-delà des significations allégoriques, une bonne nature morte est d’abord une nature morte qui donne faim ! Rien d’ailleurs ne vous interdit d’introduire des allusions aux natures mortes classiques, en inscrivant dans votre composition une dimension temporelle, par exemple sous la forme d’aliments partiellement mangés. Du reste, Le Festin de Babette ne se réduit pas aux seules significations gastronomiques, ses contenus emboîtés touchent au sexe et à la mort, à la parole et à la bouche, au sacré et au social, au théologique et à l’anthropologique. Mais votre prise de vue doit avant tout montrer la recette réalisée ; ne cherchez pas à composer une allégorie, ne multipliez pas les symboles. Vous devez produire avant tout une image contemporaine efficace, sensuelle, travaillée sur le plan formel.
Les échéances réalisation des recettes, mise en place et prises de vues avec Gildas et Arnaud les 20 et 27 janvier et le 3 février finalisation le 3 février attention, je regarderai les images et surtout je goûterai aux plats ! François.
Le Livre de recettes de Babette Vous allez composer avec l’outil informatique les textes et l’iconographie de votre Livre de recettes, puis vous le façonnerez. Il contiendra toutes les étapes de votre travail : le texte du sujet lui-même, première et deuxième parties le texte sur la sensation décrite la série des quatre images les quatre petits essais d’écriture automatique la recette de cuisine le plat photographié
selon, toutefois, une succession plus thématique et signifiante que la simple succession chronologique des sujets composant ce projet sur Le Festin de Babette
Les spécifications techniques Vous disposez pour cela de deux feuillets (donc un cahier de 8 pages) d'un format imposé de 40 cm x 25 cm. Libre à vous de composer, mais l'espace que vous structurez avec votre matière écrite et visuelle doit avoir un sens (le choix de la typographie, son placement, la relation du texte à l'image, tout doit se concrétiser de manière réfléchi, s'imbriquer de manière logique et harmonieuse). Seule la recette de cuisine et la prise de vue qui l'accompagne feront l'objet d'une mise en page précise afin d'assurer le lien visuel, l'homogénéité du livre.
Les échéances conception graphique, maquettage et façonnage en cours d’informatique avec Arnaud les 3, 10, 17 et 24 mars
L’objectif pédagogique : le festin de Babette réalisé dans notre petite cuisine
Une fois le livre imprimé, nous referons les recettes pour les manger ensemble (plus ou moins proprement) dans le cadre d’un festin convivial.
Écrivons-nous littéralement dans tous les sens *
École d'art d’Arras, sujet transversal de première année : Arnaud Sergent, François Legendre, le 4 décembre 2008.
Une journée à Gand, carnet de notes
l’art, les interstices/le regard, la dérive
le programme, les amitiés belgo-culturelles *
10h -12h : visite du S.M.A.K , Musée d’art contemporain
12h -14h30 : repas et quartier libre
14h30 -16h/16h30 : visite du Musée des arts décoratifs et du design
16h/16h30 - 18h30 : quartier libre
le sujet, écrivons-nous littéralement dans tous les sens *
De vos visites au Musée d’art contemporain de Gand et au Musée des arts décoratifs et du design, mais aussi de vos visites libres en ville (au choix le Musée des beaux arts ou le retable de l’Agneau mystique de Van Eyck à la cathédrale Saint Bavon, par exemple) et au hasard de vos déambulations, vous composerez un carnet de notes manuscrites et de croquis, comprenant une succession de mots ou de fragments de récits liés à vos impressions, vos pensées, au langage des choses, à ce qui parle en vous, selon une distribution spatialiste de votre matériau écrit ce, en résonance avec des prises de notes sur quelques œuvres ou quelques moments choisis, dont une obligatoire sur un ou deux dispositifs scénographiques que vous aurez vus. Les mots du récit spatialiste et les prises de notes devront être écrits avec des caractères ou des tailles de lettres différenciés. Toutes ces écritures devront être associées/confrontées avec des croquis d’œuvres ou des croquis libres, des notations graphiques de pensées ou d’émotions, abstraites, indicielles, aléatoires, systémiques.
Ne cherchez pas à produire du style, a fortiori lyrique ou emphatique ; restez sobre, neutralisez votre écriture : recentrez vous sur la force d’un mot, d’un nom, d’un verbe, plutôt que sur la description d’une qualité. Évitez les paraphrases du type « j’ai choisi de » ou « je vous vous parler de » ou « je pense que », entrez tout de suite dans le vif du sujet, dans l’action ; écrivez en première intention ce qui vous passe par la tête ou à côté, pratiquez l’écart, le paradoxe, surprenez le lecteur. Écrivez en français (sans faute d’orthographe) ou encore en anglais, en flamand, dans la langue de votre récit intérieur. Écrivez ce que vous voulez et faites vivre votre écriture, pensez aux implications de vos signifiés, à la densité de vos signifiants et faites-les résonner avec les mouvements de vos images, jouez des tensions, des contradictions, des décalages, des superpositions, des effacements, mais ne chargez pas trop vos compositions ; elles doivent rester lisibles et dynamiques.
Vous vous munirez d’un ou plusieurs crayons de votre choix. Le carnet sera fourni, vous y noterez vos nom et prénom au début ou à la fin ou au milieu, selon l’envie du moment.
À la fin de la journée, les carnets seront récupérés et ils seront ensuite évalués sur des critères liés à l’intérêt du texte, à sa force, à la qualité des croquis, à la composition et à la beauté de la mise en page.
* Les expressions en italiques sont de Christian Dotremont (1922-1979), artiste et poète belge, chroniqueur du groupe Cobra.
Le paysage, un récit filmique. École d’art d’Arras. Arnaud Sergent, François Legendre 12.10.2009 2e année, semestres 1 sujet transversal design graphique et multimédia, histoire et théorie de l’art
L’intitulé
Le paysage, un récit filmique.
Scholie
Un travail sur le montage, ou comment installer un récit à travers une succession d’images et une piste sonore dysnarrative.
L’objet final
Un film numérique constitué de 20 images fixes maximum avec un texte en voix off.
Une démarche diptyque
Le matin, le paysage existant : vous allez emprunter le chemin qui traverse le massif dunaire de Saint-Quentin-en-Tourmont (dans le parc du Marquenterre, au nord de la Baie de Somme) à la mer (environ 3,5 km), puis après une pause sur la plage vous allez remonter vers le nord vers Quend-Plage-les-Pins (environ 3,5 km) : traversée du massif dunaire de 09h30 à 10h30 pause sur la plage de 10h30 à 11h00 marche vers Quend de 11h00 à 12h00.
Durant tout ce trajet, vous allez faire des prises de vues en numérique ou en argentique, en noir et blanc ou en couleur, des paysages que vous allez rencontrer : pinèdes, landes, dunes, mer, ciel, estran. Sur chacune de ces composantes du paysage, vous allez privilégier une interprétation graphique (les troncs des pins, leurs aiguilles, le dessin des vagues sur l’estran etc.), ce qui suppose notamment de travailler sur l’échelle. Autant de prises de vues qui vous semblent nécessaires sachant qu’une dizaine de clichés seront sélectionnés.
L’après-midi, le paysage installé : après le repas à Quend, vous retournerez sur la plage à quelques encablures de la station et vous installerez un paysage de votre composition. L’échelle peut en être minuscule ou au contraire proportionnelle à l’étendue du paysage, un peu à la manière d’un earthwork, en l’occurrence très éphémère.
Une règle directement inspirée de la pratique et de l’éthique de Richard Long : vous n’utiliserez que les ressources du site (sable, eau, vent, sel, oyats, bois de flottage, voire détritus) et que les potentialités de votre corps (qui peut faire partie du paysage que vous installerez et produire lui-même du paysage). Pensez aux alignements d’objets, dessins sur le sable, lignes, points, trous etc. Sur les installations à grande échelle, vous pouvez vous associer à plusieurs.
Puis vous effectuerez un travail de prise de vue soulignant la construction graphique de votre installation dans son environnement, précisément comme un écho, un contrepoint, une résonance distanciée du paysage existant, dont vous pouvez bien sûr perturber l’échelle et la structure. Pareillement, une dizaine de clichés seront sélectionnés, étant bien entendu que vous conserverez l’ensemble de vos prises de vue qui pourront être présentées autour du film ou dans un carnet à part.
La confection du film
Votre film numérique d’une vingtaine de clichés présentera une structure diptyque, soit en deux parties distinctes - paysage existant/ paysage installé - soit selon un montage parallèle.
Ne cherchez pas à produire une succession trop narrative des images. Il est en effet préférable d’enclencher un récit par une mise en liaison, en tension des signes et des composantes plastiques des clichés (lumière, couleur lignes, formes, cadrage) par résonances ou par oppositions, contrastes, ruptures d’une image à l’autre. En d’autres termes, il ne s’agit pas tant de vouloir raconter une histoire, que de la laisser surgir dans toute son incertitude, sa dimension aléatoire, fugace, fragile, son caractère irréductible.
Le texte de la voix off devra être abordé dans le même esprit : n’essayez pas de raconter une histoire, de composer de belles phrases. Au contraire, cherchez la sobriété, la neutralisation stylistique. Il serait préférable que ces fragments n’aient aucun rapport pré-établi entre eux et qu’ils ne parlent pas nécessairement des images (en tout cas, ils doivent s’abstenir de les décrire) ; vous pouvez ainsi écrire ce qui vous passe par la tête, expérimenter un travail d’écriture automatique, écrire une bribe un jour, un autre bout le lendemain, vous pouvez dire une chose et son contraire ; et n’oubliez pas que les cadavres exquis vous réservent parfois de bonnes surprises, entre les jeux du hasard et les pérégrinations de l’inconscient.
Cette voix off sera la vôtre ; l’intonation doit aussi rester sobre pour être crédible, pour que celui qui voit et écoute votre film puisse entrer dans votre univers et y adhérer. L’important est la qualité et la maîtrise du ressenti, comme dans toute activité artistique au fond.
Vous avez la possibilité de compléter la piste sonore de votre film par des bruitages, mais sans recours à la musique. Autrement dit, le récit tout entier est recentré sur la force de vos images, la qualité de votre texte et la présence de votre voix.
Les échéances : prises de vues, le 12 octobre sélection des clichés avec Arnaud et François du 13 au 23 octobre montage du film avec Arnaud du 26 octobre au 16 novembre rédaction des textes du 13 octobre au 02 novembre, présentation à François du 03 au 16 novembre enregistrement de la voix off et de la bande son, puis mixage du 16 au 7 décembre rendu le 14 décembre présentation aux évaluations du 1er semestre et peut-être même dès le banquet de Noël.
vidéo de Céline Martin
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