RÉSILIENCES

Considérations photographiques sur l'urbanité contemporaine.
Ce travail a été en partie exposé au cloître du Musée des Beaux-Arts d'Arras dans le cadre d'une exposition collective, en 2011.

Ce que j’essaie de faire sentir dans mon travail, c’est cette confrontation entre le paysage urbain et le paysage humain dans leur dureté et leur pesanteur réciproques. D’autant plus que la ville d’aujourd’hui, dans sa déconstruction postmoderne, me semble se désagréger en un vaste lieu de transit et ce, dans les deux expressions que peut prendre le vocable: l’expression physique d’un lieu où quelque chose passe et éventuellement se passe – un reflet du ciel, des nuages, un train, un passant, un récit parfois – et l’expression sociale d’un espace perçu comme déqualifié, un espace urbain ou péri-urbain pas encore tout à fait livré à l’entropie mais déjà en attente d’une déréliction, un espace où passe pourtant du monde mais où les vides d’humanité trouent ostensiblement le continuum bâti d’une architecture lourde, érigée comme l’expression emblématique d'un pouvoir réificateur, qui par restrictions successives du champ des possibles, redécoupe sans cesse le réel pour le retrancher toujours plus fermement de la vie.

D’où cette sensation que j’essaie de capter dans mes images, de traverser ces lieux successifs où tout passe et où pourtant rien ne se passe; ou si peu. Comme si les gens, malgré leur résistance à l’oppression objectale, se figeaient dans l’épaisseur immobile de tous ces espaces qui les écrasent, une immobilité prise ici comme la forme matérielle d’une maladie de la société, par laquelle la géométrie positive de l’architecture moderne s’est glacifiée en un paysage de la géométrie dure, expression déqualifiée d’un urbanisme de la violence sociale, dont la captation, plutôt atmosphérique que minimaliste dans mes prises de vues, décrit davantage l’âpreté du paysage postmoderne, dans ses déstructurations physiques et sociétales, que le paysage utopiste de la modernité émancipatrice.

Ce contre quoi je ne m’interdis pas de surprendre quelques épiphanies sur la présence miraculeuse des êtres qui viennent interrompre le flux et le reflux des solitudes additionnées. Une concession qui m'autorise par intermittences à ne pas me priver de l’épaisseur polysémique du monde, comme si je m'efforçais, par une procédure analogue à celle de l'entomologiste, à garantir la sauvegarde numérique du vivant. Non sans ambiguïté.

En cela, j’essaie de rendre palpable cette tension entre ce qui reste de notre humanité et ce qui pèse sur elle, entre les hommes et les lieux qu’ils traversent ou qui les traversent, qui les transpercent de leur prégnance mécanique. Tant je ne saurais dire qui de l’homme ou du lieu l’emporte. Qui de la torpeur en tant que dissolution dans les choses ou de l’humanité résiduelle, fragile, interstitielle, surgissante malgré tout, fait reculer l’autre.

Mais quand même, je crois aux possibles de la révolte et de l’enchantement, à cette tentative incertaine de les saisir sous l’hébétude recouvrante de nos existences contemporaines, qui me paraissent être confrontées à cette nécessité de la résilience, dans l’étau d’un paysage devenu silencieusement répressif.

François Legendre, juin 2011.



Berlin,sur le Kurfürstendamm

Immeubles à Berlin

I

Berlin, Postdamer Platz, galerie commerciale Arkaden



Berlin, sur la Bismarckstrasse



Berlin, près de la Kaiser-Wilhelm-Gedächtniskirche



Berlin, Holocaust Denkmal, Peter Eisenmann architecte



Berlin, Mauerpark

Berlin, Mauerpark



Berlin, quartier de Scheunenviertel

Bruxelles, Place de Brouckère

Bruxelles, près de la Gare du Midi


Bruxelles, Palais Royal

Anvers, sur le Ring

Bruxelles, Anspach Laan

Menton, plage


Calais, cabanons sur la plage / plage de Villefranche-sur-Mer

Menton, plage

Paris, bateau-mouche à l'embarcadère

Lille, centre administratif

Bruxelles, Gare du Midi


Gare de Lille-Flandres

Bruxelles, près de la Gare du Midi

Tianjin (Tien-Tsin, Chine), près de la rivière Hai He

Immeubles à Tianjin

Tianjin, Académie des Beaux-Arts

Tianjin, scène de rue

Beijing (Pékin), barbes à papa dans le Parc Behai